Séminaire théorique, Le devenir du psychanalyste

Antoine Verstraet

Cette année, nous explorerons la vie et l’œuvre du psychanalyste

Donald Woods Winnicott (1896-1971)

Pédiatre et psychanalyste anglais, Donald W. Winnicott se passionne très tôt pour la biologie avant de s’orienter vers la pédiatrie. À partir de 1923, il demeure médecin assistant au Padington Green Children’s Hospital. La même année, il entreprend une cure avec James Strachey (1887-1967). En 1936, Winnicott entame une deuxième analyse avec Joan Rivière (1883-1962).

La vie de D.W. Winicott est liée à l’histoire de la British Psychoanalytic Society et de la grande controverse entre kleiniens et annafreudiens (1940-1944) qui débouchera sur la création du Groupe des Indépendants, auquel D.W. Winnicott se rallie.

Formé par Melanie Klein (1882-1960) et proche d’Anna Freud (1895-1982), Donald W. Winnicott a exercé une influence considérable dans le domaine de la psychanalyse des enfants. Il a créé des concepts dont se servent aujourd’hui encore les professionnels qui accueillent des nourrissons et de jeunes enfants. Il s’est rendu populaire en n’hésitant pas, entre 1939 et 1962, à intervenir sur les ondes de la BBC pour prodiguer des conseils aux mères.

On lui doit le fameux objet transitionnel, inventé en 1951 pour désigner un objet (jouet, peluche ou morceau de tissu) ayant pour l’enfant et le nourrisson une valeur élective de transition entre une relation orale et une relation objectale. Mais ce qui intéresse avant tout D.W. Winnicott c’est l’« espace transitionnel ». Il s’agit d’un espace paradoxal parce qu’il se situe entre la réalité extérieure et la réalité interne.

Enfin, il est aussi à l’origine de la notion de « self » et il élabora des concepts étonnants pour rendre compte de la relation primordiale entre l’enfant et la mère : la préoccupation maternelle primaire, le holding, la mère suffisamment bonne, le jeu de la spatule ou du gribouillage (squiggles). Aussi affirme-t-il que « le bébé n’existe pas », c’est-à-dire qu’il est partie intégrante d’une relation maternelle.

Nous nous intéresserons, cette année, à ses ouvrages les plus connus : La Famille suffisamment bonne (Payot, 2010) ; La Mère suffisamment bonne (Payot, 2006) ; Jeu et réalité, l’espace potentiel (Gallimard, 1975) ; La Crainte de l’effondrement (Gallimard, 2000) ; De la pédiatrie à la psychanalyse (Payot, 1989) ; La Petite « Piggle ». Traitement psychanalytique d’une petite fille (Payot, 1988) ; Conversations ordinaires (Gallimard, 1988) ; Processus de maturation chez l’enfant (Payot, 1988) et La Consultation thérapeutique et l’enfant (Gallimard, 1979).

Ce séminaire prend la suite de celui de Franz Kaltenbeck, intitulé « Le devenir du psychanalyste », où il a enseigné la psychanalyse pendant quatorze ans, à travers les figures et les œuvres marquantes de son histoire. Nous y étudions les textes fondateurs de Freud et de Lacan avec les controverses qu’ils ont suscitées. Nous nous plongeons au cœur des courants principaux des doctrines psychanalytiques, portons notre attention sur la vie d’éminents personnages du mouvement analytique, sur leurs recherches ainsi que leurs apports théoriques et cliniqu1es.