S'adresser à tous
L’industrie culturelle contient une nouvelle idée de peuple : le public, qui s’offre en effet comme une réinvention du populaire et s’impose par ses chiffres inouïs. Ne manque-t-on pas pourtant une dimension de la question culturelle, voire sa vérité, à penser que plaire au plus grand nombre, c’est s’adresser à tous ? S’adresser à tous fut la visée du théâtre du peuple et de ses avatars modernes – théâtre civique, populaire, public, etc. Le théâtre, à partir de la Révolution française, propose une articulation entre art et politique qui fait de la scène l’un des lieux privilégiés de la construction du peuple. C’est cette exigence qui porte aujourd’hui le nom de culture. Cet essai tente de faire l’analyse et la généalogie des termes qui structurent le discours du théâtre et la construction de son mythe moderne. On y trouvera une issue aux impasses du « théâtre politique » actuel. On y lira surtout les grands énoncés et les scansions propres à notre pensée contemporaine de la culture.