Ces enfants qui ne jouent pas le jeu
Attendu, désiré, redouté, ou parfois pire, ignoré et frappé d’indifférence, l’enfant naît dans la dépendance la plus totale de ceux qui en ont la charge. Il n’en sortira que tard. S’opposant au mythe du nourrisson replié sur lui-même, Lacan décrit le petit enfant plutôt comme un sujet ouvert au monde, reconnaissant dès ses premiers jours les traits de sa mère. C’est seulement à partir de l’acquisition du langage, vécue comme une intrusion, que certains enfants s’isolent et se retirent dans leur coquille. L’autisme avec son refus radical de la communication n’est pas toujours facile à repérer et c’est pourquoi maint diagnostic vient trop tard. Mais il y a aussi ces enfants qui ne veulent pas s’intégrer dans leur famille, à leurs semblables ou dans leur classe, ceux qui ne jouent pas le jeu de la société, y compris les enfants déscolarisés qui restent chez eux pour ne jouer qu’avec leur ordinateur. On pense aussi aux enfants trop timides pour affronter l’autre, aux jeunes agresseurs, et aux petits misanthropes, sans oublier ceux qui pâtissent d’une souffrance qu’ils gardent pour eux. Au lieu de dénoncer leurs tendances asociales, la psychanalyse reconnaît en ces enfants les conflits inarticulés qui les opposent au groupe humain, leurs questions, restées sans réponses, sur les désirs qui les ont mis au monde ainsi que leur potentiel créatif que le travail analytique devra faire éclore.
Avec la participation de Isabelle BALDET, Sylvie BOUDAILLIEZ, Nestor BRAUNSTEIN, Lucile CHARLIACChantal DALMAS, Daisuke FUKUDA, Thérèse HULOT, Franz KALTENBECK, Pierre MADEUF, Sylvain MASSCHELIER, Geneviève MOREL, François MOREL, Tiago PIRES MARQUES, Monique VANNEUFVILLE, Antoine VERSTRAET, Bénédicte VIDAILLET, Benjamin WEIL, Frédéric YVAN