Psychanalyse et psychiatrie
Le lien de la psychanalyse avec la psychiatrie, s’il relève d’abord de la nécessité, dans certaines situations cliniques, d’une coopération thérapeutique, s’est historiquement établi au niveau du savoir clinique et théorique. Ainsi Freud a commenté le récit autobiographique du Président Schreber, Mémoires d’un névropathe, en analysant le transfert délirant de ce malade sur son psychiatre, le professeur Flechsig.
Le moteur du transfert, la force performative de la parole et la puissance explicative de la théorie psychanalytique sont les atouts majeurs des psychanalystes, ouverts aux changements dans le monde par le biais de l’écoute de leurs analysants. Ils sont solidaires d’une psychiatrie qui s’investit dans la recherche scientifique tout en respectant le sujet, sa parole et le lien social. Ce lien subsiste-t-il à l’heure où la psychiatrie, soumise à l’évaluation et à des critères strictement économiques, est devenue l’instrument de la « santé mentale » ?
Notre dossier spécial est consacré à la psychanalyse du travail : du symptôme au suicide. La clinique psychanalytique montre la part intime prise par chacun dans son travail, et en quoi celui-ci devient souvent un symptôme articulé à la structure clinique du sujet. Un symptôme dont on souffre et qui pourtant soutient. Que signifie alors le développement généralisé de pratiques d’évaluation qui effacent justement ce qu’il y a de plus singulier chez le sujet qui travaille ?
Avec la participation de Nestor BRAUNSTEIN, Chantal DALMAS, Sylvette EGO, Emmanuel FLEURYFranz KALTENBECK, Jean-Paul KORNOBIS, Éric LE TOULLEC, Pascal LEC’HVIEN, Geneviève MOREL, Christian MULLER, Esteban RADISZCZ, Philippe SASTRE-GARAU, Monique VANNEUFVILLE, Bénédicte VIDAILLET, Benjamin WEIL