Qu'est-ce qui nous arrive ?
La question : « Qu’est-ce qui nous arrive ? » est l’expression d’un profond désarroi, d’un état de grande perplexité. Quand vous ne vous retrouvez plus dans le monde, quand vous ne reconnaissez plus la place que vous y occupiez. Or, la perplexité peut être plus grave que l’angoisse. Elle vous cloue sur place ou vous destine à l’errance, puisque vous avez perdu vos coordonnées en tant que sujet. Assailli par la perplexité, vous déniez la réalité perturbatrice ou sous-estimez ce qui n’est pourtant rien de moins qu’un assaut du réel. L’ennemi est situé au dehors : « Les réfugiés ! », crie-t-on, alors qu’il vient du dedans, de l’intérieur de notre société : la xénophobie, l’homophobie, le racisme, bref les prodromes du fascisme.
La situation de notre société impose aux psychanalystes le devoir de découvrir les pathologies tapies derrière les décisions et comportements irrationnels dus à la politique de pays qui se réclament pourtant de la démocratie, de la raison, de la vérité et du bien. Quelles sont les forces qui poussent nos élites au ratage voire au désastre politique et économique – erreurs en contradiction flagrante avec leurs programmes et promesses ?
La psychanalyse ne saurait être complice de la dissolution du tissu social qui se poursuit sous nos yeux. Freud a proposé une théorie de la libido, prolongée par Lacan, pour définir ce qui lie le langage, le corps et le réel. Les symptômes que nous étudions dans la clinique des névroses, psychoses et perversions s’aggravent quand le lien social se délite sous la pression d’une civilisation qui tourne mal.
Cette livraison scrute les aberrations politiques et les idéologies dangereuses afin de pouvoir dire d’où elles viennent et par quels moyens on pourrait y répondre. Les cas cliniques présentés parlent de la responsabilité subjective quand elle s’alourdit d’actes mauvais, commis au nom de la politique. Des exemples sont donnés qui montrent comment l’acte psychanalytique peut acquérir une portée politique et comment l’acte politique inspire notre pratique.
Avec la participation de Isabelle BALDET, Sylvie BOUDAILLIEZ, Annie BOURGOIS, Daisuke FUKUDASibylle GUIPAUD, Franz KALTENBECK, Diana KAMIENNY-BOCZKOWSKI, André LAKS, Céline MASSON, Geneviève MOREL, Diane SCOTT, Manya STEINKOLER, Antoine VERSTRAET, Bénédicte VIDAILLET, Stéphane WAHNICH, Frédéric YVAN